Fragment 1 : Anthropologie de la relation



Fragment 1 : Anthropologie de la relation

Expérience esthétique(artistique) et didactique

Jean-Marie Schaeffer (2015) nous propose de vivre une expérience esthétique à travers l'art au sens large. Ici, il s'agit donc d'observer l'écriture comme une expérience à la fois commune et singulière. Si l'on parle d'expérience esthétique singulière, il faut alors s'interroger sur la réception de celle-ci : l'attention, les émotions et le plaisir qu'elle déclenche. L'approche de la langue pourrait être vécue comme une expérience esthétique. L'objet carnet est alors considéré comme une œuvre d'art. Au même titre que les carnets d'Albert Camus ou de Picasso, ils relèvent de l'esthétique car ils appartiennent au monde sensible. La trace laissée par ces auteurs est une écriture sensible et esthétique.

Relation et accompagnement

Pour John Dewey, l'éducation relève, comme je l'ai indiqué, de l'expérience dite continue et de la transaction avec l'environnement (Deledalle, 1995 : 11). L'environnement en question comprend les autres individus et donc leurs voix et tout ce qu'elles portent en elles d'expérience à transmettre. Ainsi, pour notre auteur, la relation fait l'expérience, la qualité de celle-ci fait ainsi la réussite de celle-là. Il existe alors un lien entre la relation à l'environnement et la qualité de l'expérience éducative. Ces transactions continues permettraient de fixer l'expérience : «c'est à l'étendue et au contenu des relations que l'on mesure le contenu signifiant d'une expérience» (Dewey, 2010 : 95 dans Martin 2016).

Didactique de l'écriture et des langues

Il existe de nombreux ateliers d'écriture et de recueils d'expériences qui témoignent de ceux-ci. Des études liées à l'apprentissage de l'écriture en atelier et par l'outil carnet ont été faites (Mouginot, 2014). Il existe par ailleurs les théories essentielles liées à l'écriture, à l'écrit et la lecture (Chiss, 2012 ; Derrida, 1967 ; Barthes 2015 ; Goody 1979) et plus particulièrement sur l'apprentissage de la lecture et de l'écriture en ateliers (Godard, 2015; Foucault,2007 ; Bishop, Penloup, 2006, 2007 ; Barré De Miniac, 2007 ; Haddad, 2000 ; Lafont Terranova, 2009 ; Martin, 2012). Mon approche serait alors centrée sur l'entité carnet car c'est à partir de celle-ci que je pourrai accompagner l'activité d'élaboration de réflexions sur l'expérience en carnet et l'appropriation d'un savoir transmissible par le faire-relation (Martin, 2015).

Dans le champ de la didactique des langues, l'atelier d'écriture est très apprécié pour son approche poétique de la langue. Il faut mettre en contexte notre utilisation du terme atelier. Au départ, l'atelier est dans l'antiquité grecque et latine un « espace de travail [individuel ou collectif] où œuvrent un ou plusieurs artistes ou artisans ». L'atelier comprend à la fois une dimension humaine et une dimension spatiale. Il devient peu à peu un lieu de commerce des métiers de l'artisanat pouvant prendre des dimensions importantes en espace et en homme. C'est au XVIe siècle que l'atelier dit bottega se voit « conférer une dimension plus noble » en n'appartenant plus qu'au monde de l'art, et non plus à celui de l'artisanat. Alors au XVIIIe siècle, la bottega devient progressivement la scuola où l'artiste reçoit de jeunes gens pour « idéer » la création artistique, au détriment de l'exercice pratique. Ainsi, le terme atelier est lié au domaine de l'art et de l'enseignement théorique de celui-ci (Griener, 2014).


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