Essai

Ici, vous pourrez lire une présentation plutôt précise de mes travaux d'écriture. Je publierai bientôt les fameux fragments mais pour cela il me faut encore un peu de temps...
Bonne lecture !

Le carnet d'écriture, anthropologie de la relation et ethnologie des expériences de soi 

Le projet proposé ici est la continuité d'une première recherche dans le champ de la didactique des langues. Après avoir étudié pendant quelques mois le carnet d'écriture dans un contexte didactique, j'ai tenté de mettre en évidence certains éléments caractéristiques d'un espace d'apprentissage de la langue par le carnet d'écriture. Cet objet est, d'un point de vue didactique, un moyen de donner à l'enseignement un support par lequel passe une relation d'écoute et de travail. 

Utilisés comme un espace transitionnel de parole et d'écriture (Winnicott, 2010), les carnets permettent de faire circuler des expériences de vie (Benjamin, 2011 ; Artières, 2000, 2009) et de déployer des connaissances sous forme de travail de recherche. Plus qu'un brouillon (Chabanne & Bucheton, 2002), il serait alors un tremplin vers le partage d'expériences et le faire relation. 

Le carnet est et a souvent été l'outil de celui qui élabore : le peintre, l'illustrateur (Perrot, 2001), le couturier, l'écrivain (Camus, 2013)...Bref, toutes leurs réalisations ont nécessité une élaboration par un support écrit. Celui qui écrit, dessine ou reproduit se livre à l'observation de son environnement et de lui-même. C'est à partir de la perception sensible du monde qu'il est possible de bâtir un univers de référence (Goody, 1977). Le carnet a pour usage de reproduire la silhouette de ces formes intériorisées du monde. Réalisé sous forme d'écriture libre, cet objet permet de créer et d'être dans un processus d'apprentissage par un développement de soi. Le carnet pourrait alors être conçu comme une recherche tant poétique que didactique, inscrite dans une démarche anthropologique et ethnologique.

La perception de celui qui réalise est précieuse car elle met l'accent sur un élément, là où l'on ne prêtait pas attention. Le croquis par exemple, est une manière de partager une conception intime des formes, des matières, des masses et des mouvements. Inspiré par des sensations, il est petit à petit, trait après trait élaboré. À ce titre, Picasso a laissé derrière lui une collection de carnets rédigés entre 1900 et 1965 témoignant de sa vie, d'une recherche continue de son œuvre (Léal, 1996). Différents voyages ont marqué ses peintures, ses sculptures, etc. Il est possible par ses carnets de retracer certaines fois la composition d’œuvres majeures, mais aussi des instants de vies, des rencontres. De la même manière, Albert Camus aura à partir de 1935 rédigé des cahiers publiés sous le titre : Carnets (Camus 2013 ; Spiquel, Prouteau 2012). Les carnets naturalistes ont notamment marqué l'art du récit à leur manière, en rapportant dans un carnet les étonnements d'un voyage (Lumbroso, 2007, 2009 ; Zarate, 1988, Develotte 2006). L'environnement, l'espace, la faune et la flore sont reproduits au plus proche de la réalité pour devenir des sortes de références en matière de sciences naturelles voire de sciences humaines et sociales (Darwin, 2006 ; Verne, 1989). Les carnets recèlent ainsi des éléments de valeur qu'il est possible de partager et à partir desquels on peut élaborer l'écriture.

Poser les enjeux du carnet de cette manière mènerait dans ce projet vers une étude ethnologique et anthropologique sur les pratiques d'écritures et notamment en carnet (Copans, 2010 ; Bishop& Penloup, 2006). Une sorte d'analyse des pratiques d'écriture par l'objet serait un moyen de reconnaître des invariants à travers les époques, les contextes et les auteurs (Chiss, 2012; Weber, 2006, Artières, 2013a, 2013b). Pour ce faire, la méthodologie de recherche de ce projet reposerait sur d'une part un accompagnement vers un espace d'écriture et d'autre part sur une observation des pratiques sur un moyen-terme. Cette recherche permettrait de mettre en place trois moments : une analyse anthropologique de la relation par le carnet, une analyse ethnologique des expériences de soi à travers le carnet, puis une analyse didactique de cette écriture et de la langue.

Cette étude propose de mettre en perspective différents champs d'investigations autour de ce qu'on peut appeler un « faire relation » (Martin, 2015) à partir de l'activité engagée dès que l'on pratique le carnet, de la théorie qu'implique une telle pratique quant à l'écrit et de l'accompagnement que son usage implique en situation didactique. Je propose donc d'explorer un mode d'appropriation du savoir par l'objet, en interrogeant ce que vivre une expérience avec un carnet en apprentissage des langues représente. 





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